Dimanche 3 août 2014 à 13:31

 Renoir Auguste, Le Bal du Moulin de la Galette, Montmartre, 1876, h/t, 1m31x1m75, Orsay

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Le tableau traite du thème de la fête populaire. C’est une scène de genre très animée avec de nombreux personnages. Au premier plan à droite, trois hommes boivent un verre et discutent avec des femmes. Derrière, un petit groupe de personnages debout coiffés de haut de forme ou de canotier. Au second plan, on observe des couples de danseurs qui s’amusent sous l’ombre des acacias et des lumières artificielles des lampions. L’un des couples nous regarde. Derrière eux, un couple est assis sur un banc : cela marque la fin de la piste de danse. L’arrière plan est plein d’une foule dense qui se tient devant des baraquements verts et un groupe de musiciens. Cette scène se passe lors d’une fête populaire à Montmartre sur la bute pendant une belle journée. L’impression de fête, de joie de vivre, de quiétude, représente l’expression d’un bonheur simple et collectif.

La bute Montmartre en 1876 est une zone populaire où se trouve des moulins à vent. C’est là qu’est mis en place un cabaret populaire : une guinguette. Dans ce lieu très populaire, on retrouve des ouvriers, des proxénètes, les artistes…la bohème. Le mélange des chapeaux (haut de forme et canotier) montre qu’il n’y a pas que la bourgeoisie mais un mélange. Renoir représente un Paris qu’il connait bien car son atelier se situe à côté. C’est un lieu qu’il fréquente. Cependant, il faut noter que la France est détruite après le guerre contre la Prusse et en 1871, elle subit la guerre civile. Renoir met de côté ces évènements sombres et opte pour une iconographie du bonheur.

L’ambition de Renoir est de peindre une scène de plein air avec de nombreuses figures humaines en mouvement (les gens dansent, rient, boivent…). Il a voulu représenter la diversité des attitudes, la multitude et le bonheur collectif.

Dans ce tableau, Renoir fait poser des amis, des peintres, des modèles : ce sont des personnes connues. Par exemple, au premier plan, l’homme qui tourne le dos est George Rivière (critique qui  a écrit notamment un texte sur ce tableau) et les deux autres sont des peintres : Franc-Lamy et Norbert Goeneutte. Les deux femmes avec qui ils parlent sont des modèles : Estelle et Jeanne. Un journaliste se trouve parmi les danseurs. Et le couple qui nous regarde sont également connus : Margaux et Solarès. Le pari de son ambition est réussi : Renoir exprime la griserie de la fête, de la joie de vivre et la chaleur des rencontres.

La composition est structurée et réfléchie. Le peintre est soucieux de la disposition des figures dans l’espace de sa toile. C’est une composition complexe avec des points de repère : d’abord il utilise  les bancs qui délimitent la piste de danse, puis il emploie une diminution rapide des personnages avec un fonctionnement en cascade pour donner un effet de profondeur. Ensuite, à l’arrière plan, la foule est suggérée par de petites touches vives avec des rehauts de rouge qui suggère une foule grouillante et animée.

Le cadrage coupe les personnages. Le cadrage est réfléchi pour créer un instantané afin de permettre à la fête de continuer hors champs (le prolongement de la réalité de la toile).

Beaucoup d’esquisses préparatoires ont sans doute été préparées en atelier. Mais le pleinairisme  souligne que la toile a été achevée en plein air. Renoir a d’ailleurs été aidé par Rivière pour transporter la toile.

Sous la Tonnelle, autre tableau de Renoir est une toile réalisée dans les mêmes conditions et la même période. Elle est considérée comme un travail préparatoire. Le peintre y représente quelques personnages sous les arbres du moulin de la galette.

Renoir utilise une palette aux couleurs vives : des bleus mélangés avec du blanc et du rose, des verts, des jaunes pailles pour les chapeaux de paille, des rehauts de rouge… Ces couleurs vives rappellent ses intentions gaies et joyeuses.

La lumière a deux origines. Elle est à la fois artificielle (avec les lampions) et naturelle (avec les rayons du soleil). Le peintre se penche ainsi sur un problème plastique : il travaille une lumière vive qui traverse les feuillages et éclaire par petites touches les personnages de façon tamisée. Il utilise des vibrations colorées : comme les taches colorées sur le dos de Rivière ou sur la robe de Margaux, ainsi que les zones d’ombre et de lumière sur tout le sol. Cette lumière vient dissoudre les formes et crée cette vibration colorée caractéristique de l’impressionnisme.  Il n’y a pas de ligne. Cette vision nouvelle marque une forte révolution.

Avec une facture libre, Renoir offre une image maîtrisée qui met en évidence la joie.

C’est son œuvre la plus ambitieuse. Elle est exposée en 1877 à la troisième exposition des impressionnistes.  Comme dit ci-dessus, Rivière, le critique, défend la toile contre les critiques qui parlent de taches de graisse. Le tableau est acheté par Caillebotte (artiste impressionniste aussi) en 1877.

Le bal du moulin de la galette est une des toiles les plus importantes de sa carrière et des impressionnistes grâce à sa thématique (joie de vivre) et par son style (traitement plastique de la lumière).

 

Quelques mots sur le travail des impressionnistes :                                                     

Les problématiques  abordées dans cette toile font surface sur d’autres œuvres de Renoir et des impressionnistes (Monet, etc…) comme La grenouillère : on trouve le thème du loisir mêlé à une recherche sur la représentation de la lumière sur une eau mouvante : c’est la division de la touche. Le peintre peint les touches de manière juxtaposée afin que l’œil face lui-même naturellement le mélange des couleurs. Grâce à cette juxtaposition, les couleurs gardent leur éclat et augmente l’effet du chromatisme.

C’est le travail sur la lumière et la couleur qu’ont cherché à résoudre les impressionnistes mais également à capter une impression d’ensemble, capter l’instant. Ce dernier point implique une certaine rapidité d’exécution avec des œuvres réalisées en quelques heures. On a ainsi l’impression, en regardant les tableaux d’un instant saisi et donc d’un côté, d’un tableau pas complètement terminé que la critique ne manquera pas de souligner, qualifiant les œuvres d’esquisses.

D’autres révolutions sont menées par les impressionnistes : avec le format (on passe à un format moyen) mais aussi avec les tableaux réalisés en plein air : le pleinairisme. 

Vendredi 11 avril 2014 à 21:07

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Des lys dans l'art ou comment une jeune passionnée d'art a eu la terrible envie de papoter histoire de l'art mais aussi de lectures, de films, de séries, etc...

Je suis étudiante en licence d'histoire de l'art. Je rentre dans ma troisième année à la rentrée. 

Mon babillage se veut sans prétention et sans prise de tête. Je souhaite juste partager et échanger sur des oeuvres qui me font rêver ou sur mes lectures du moment, ... Je tiens à créer un petit endroit avec envie et beaucoup de curiosité. 

En espérant que mes futurs articles vous plaisent, je vous dis à très vite! 

Lys.

Tableau: La jeune fille à la perle de Johannes Vermeer 1665.


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